D’Accra à Port-Louis : Les axes économiques en vogue en Afrique

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Après notre premier article sur Kigali, la capitale du Rwanda, nous vous emmenons à Accra au Ghana pour découvrir ses points communs avec Port-Louis et Maurice. Pays anglophone dans une enclave de pays francophones, en Afrique subsaharienne, le Ghana est un pays qui se développe rapidement. Cependant, contrairement à l’île Maurice, le pays peine parfois à décoller, surtout sa capitale Accra qui vacille entre modernité et traditions. LexpressProperty vous emmène dans les rues de cette ville qui se transforme.

Le phare de Jamestown, Accra

Un développement économique à deux vitesses

Maurice et le Ghana ont tous deux connu des étapes similaires depuis leur indépendance. Pour les plus, une bonne gouvernance et peu de tensions intra-communautaires. Les deux pays se retrouvent sur la même longueur d’onde au niveau de leurs engagements en matière d’environnement. Ils font tous deux partie des cinq pays africains à adhérer à l’initiative Green Cooling Africa, avec la Namibie, le Kenya et les Seychelles.

Concernant les TIC, les deux pays sont aussi bien notés au niveau africain. Selon le rapport de l’Union Internationale des Télécommunications en 2017, Maurice est en première position (72ème mondialement) et le Ghana arrive en tête pour l’Afrique de l’Ouest et 116ème au niveau mondial.

Pour les moins, la pénible diversification d’une économie trop tributaire d’une industrie agricole (la canne à sucre pour Maurice et le cacao pour le Ghana) et l’urbanisme parfois non contrôlé. Alors que le Ghana bénéficie de l’avantage de posséder des ressources naturelles comme le bauxite et l’aluminium, le pays a choisi de transiter vers les services. Maurice a, quant à elle, misé sur le textile et le tourisme.

À partir du milieu des années 2000, le Ghana a fait de bons choix économiques qui l’ont mené à une forte croissance – la plus forte croissance économique de toute la planète en 2011. Le PIB national a largement progressé en cette seule année (+17%). Ainsi, depuis les années 2000, le Ghana détient, avec la Chine et le Cambodge, les plus hauts taux de croissance du PIB national. Ce sont parmi les seuls à dépasser la barre des 10% de croissance annuelle autour de 2005.

Pourtant, le pays reste encore fragile à plusieurs niveaux y compris économiquement. Maurice a eu un destin différent et les indices des deux pays sont parlants : les consommateurs payent moins à Maurice (11,6% de moins) ; les loyers sont plus abordables à Maurice (26% de moins), et le pouvoir d’achat des Mauriciens est 191% plus fort que celui des Ghanéens.

Théâtre National des Arts

La protection du patrimoine historique

Le Ghana affiche une population d’environ 28 959 391 habitants en 2017, sur une superficie de 238 553 km² et avec une densité de 121,40 habitants par km² dont plus de la moitié vit en ville. S’étant lancé dans une stratégie double d’urbanisation et d’industrialisation après son indépendance en 1957, le Ghana a été témoin, comme plusieurs pays d’Afrique subsaharienne, d’une urbanisation comme facteur indépendant du développement économique. En effet, la capitale n’a pas une base économique, des infrastructures et des services socio-économiques suffisants pour soutenir ce type de développement. À Accra, la croissance de la population est surtout survenue autour de la ville, dans des districts à 10 km de là.

Pourtant, Accra est aussi connue dans le monde pour héberger son centre historique Jamestown, qui a perdu sa gloire d’antan, acquise en grande partie grâce à son port - la Gold Coast du XIXe siècle. Quand le port de Takoradi l’a remplacé en 1920, cela a entraîné la décadence du quartier. Contrairement à Port-Louis qui a bénéficié d’un constant intérêt aussi bien de l’État que du privé pour la rénovation de ses bâtiments historiques, Jamestown est, lui, tombé en décrépitude. Pourtant, Accra a gardé une âme que l’architecte Joe Addo veut faire ressortir à travers les arts. Son objectif à terme est que Jamestown “devienne la clé du développement de la capitale. Pour cela, il faut parvenir à mêler harmonieusement les bâtiments historiques et les constructions modernes” (Source : http://www.lemonde.fr/afrique/). Comme à Port-Louis, en somme !

Le village de pêcheurs de Jamestown

Le futur ?

Les partenariats mauriciens avec l’Afrique de l’ouest (la Côte d’Ivoire, le Sénégal et le Ghana) sont déjà en cours. Le Ghana représente un potentiel évident pour beaucoup d’autres pays que ce soit en Afrique sub-saharienne ou dans l’océan Indien. Le partenariat avec Air Mauritius en est un exemple – la compagnie d’aviation mauricienne aidera le Ghana dans la création d’une compagnie aérienne nationale dont le protocole d’accord a été signé en 2017.

De même, des accords bilatéraux ont été signés afin d’alléger l’entrée sur le territoire pour les ressortissants des deux pays permettant aux Ghanéens de venir à Maurice sans restriction de visa, et vice versa. Le Board of Investment a ainsi lancé en mars 2017 une nouvelle étape dans les relations économiques déjà existantes entre les deux pays. Le Vice Président du Ghana, Dr. Mahamudu Bawumia a souligné les similarités entre eux en tant que destinations d’investissement et bénéficiant d’une stabilité politique et économique.

De plus, Grit Real Estate Group a annoncé un premier deal de 20,5 millions $ au Ghana. Grit Real Estate Income Group, un gestionnaire de fonds panafricain axé sur les actifs immobiliers en Afrique, est coté sur le Stock Exchange of Mauritius et sur le Johannesburg Stock Exchange. Il a acquis à Accra des bureaux pour 20,5 millions $ auprès du groupe immobilier Greenline Development. Le Ghana devient le 6ème pays (dont Maurice) dans lequel le fonds panafricain Grit investit en Afrique.

Crédit photos : Bernard Thomas