Rivière-Noire : le projet IRS La Balise irrite les habitants

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« ILS massacrent notre rivière ! Nous cherchons simplement à préserver la faune et la flore de Grande- Rivière-Noire. » Cri du cœur des forces vives de la localité et de l’Association des pêcheurs de La Preneuse. Ce qui les irrite : le projet Integrated Resort Scheme (IRS) La Balise Marina en chantier. La Marina se situe en fait à l’embouchure de la rivière.

marina-balise Et La Balise , qui comprend la construction de 118 appartements de luxe, 38 villas en duplex et autres facilités sur 35 arpents, grandit au milieu des mangliers et à côté du barachois St Martin. C’est justement ce qui fait tiquer les habitants de la région. Ils soulignent que de tels développements n’avaient pas été convenus. « Nous sommes tombés d’accord sur les points que le barachois et les mangliers seraient épargnés, que la rivière ne connaîtrait aucun changement et que le public aurait un droit d’accès au barachois » , soutient Soopaya Veerapen, membre des forces vives de Rivière-Noire.

Dominique Dupont, directeur exécutif de La Balise , affirme, pour sa part, que tous les travaux ont été approuvés par les autorités. Et que les permis sont en règle. Il ajoute que le développement respecte la biodiversité. « Nous ne touchons pas aux mangliers et je rassure les habitants qu’il n’y aura pas d’hôtel. Nous avons pris une décision concernant cela .  » Il concède toutefois que le projet a connu des modifications. « Un projet est dynamique, il évolue » , soutient-il.

Les habitants de la région, eux, n’en démordent pas. Ils soulignent que lors des discussions entre La Balise et eux en décembre 2009 avant les travaux, des conditions avaient été posées. Telles que l’absence de développements sur la rivière et sur le barachois St-Martin. Les pêcheurs, eux, avaient obtenu une compensation de Rs 80 000.

Soopaya Veerapen affirme cependant que le promoteur a creusé la rivière et jeté de la terre sur un terrain au barachois St-Martin. « Il ne respecte pas le domaine public et y effectue un déversement de terre. » Il allègue également que le permis d’opération émis le 19 mars 2009, par le ministère de la Pêche pour le forage de la rivière, a expiré le 18 mars 2010. « De plus, le développement tel qu’il se présente et au vu de la hauteur des rochers qu’ils ont placés sur la berge, cela indique que le public n’aura pas accès à ce domaine public  » , précise- t-il.

Sur cette question, Dominique Dupont réplique que l’accès au public fera l’objet de discussions au cours des prochains comités incluant les différentes parties prenantes. Il ajoute que le projet comprend aussi un plan social qui sera grandement bénéfique aux habitants de la région.

« Nou pa kont devlopman me fer li intelizen » , rétorquent Soopaya Veerapen et Jean Noël Février. Ce dernier, qui représente l’Association des pêcheurs, ajoute que les travaux portent préjudice à la biodiversité de la région. Notamment en raison des modifications apportées aux plans. Selon lui, ceux qui ont été présentés en 2009 diffèrent des travaux actuels.

« Pa ti prevwar pou ena gran devlopman lor St-Martin. Asterla nou gayn enn lot plan ki dir ki pou ena enn lotel laba . Zot pou tir manglie pou mett laplaz artifi ciel zot pa respekte 16 met ki la lwa dir konsernan domen piblik . » Documents à l’appui, il explique qu’il y a eu beaucoup de modifications au plan initial. Si les droits de passage des habitants et ceux des pêcheurs sont lésés, une manifestation de rue n’est pas à écarter, prévient Jean Noël Février. D’autant plus, souligne-t-il, que la faune et la flore en sont affectées. Les habitants, qui ont grandi en ces lieux, affirment eux qu’ils se tourneront même vers la Cour pour préserver la biodiversité de la région.

« Nou pa kont devlopman me fer li intelizen. »

Fabrice Jaulim
L’Express du vendredi 27 mai 2011