Terres de l’Etat et logement : pas de terrain d’entente…

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allan-ganooLe ministre des Terres et du Logement, Abu Kasenally, et Alan Ganoo, candidat de l’Alliance du coeur et ancien ministre des Terres, se penchent sur la question du logement et de la gestion des terres de l’Etat et parlent de la taxe et des îlots.

Que proposez- vous pour la gestion des terres de l’Etat ?
Abu Kasenally : La gestion des terres et du logement ont une place capitale dans le programme de l’Alliance de l’avenir. D’ailleurs, c’est un plan qui a commencé depuis cinq ans. Nous avons, par exemple, le cadastre qui est en cours actuellement.
Nous saurons trés prochainement où sont les terres de l’Etat. Le moindre centimétre sera enregistré.

Alan Ganoo
 : Il faut un systéme pour plus de transparence car il ne reste pas beaucoup de terres appartenant à l’Etat.Quand il y a un terrain disponible pour un projet commercial ou industriel, nous allons passer par des appels d’offres. Il ne faudra pas que quelqu’un sans un projet valable ait un terrain de l’Etat.

Tout le monde va t- il payer la taxe avec le cadastre ?
A. K : La taxe est une autre affaire. C’est une autre politique appliquée par des gouvernements. Nous faisons ce cadastre pour la gestion des terres à Maurice. Quand les données seront compilées, n’importe qui pourra faire des démarches pour connaître la superficie de son terrain sans probléme. D’ailleurs, nous allons abolir la National Residential Property Tax.

abu-kasenallyA. G : C’est un systéme qui permettra au gouvernement de mieux gérer les terres et un moyen de savoir où sont les terres de l’Etat. C’est un outil nécessaire, mais concernant la taxe c’est le gouvernement en place qui décidera de sa politique.

Etes- vous pour ou contre la taxe sur le campement ?

A. K : La campement tax est toujours là. Il n’y a rien de nouveau.
Je suis d’accord que certaines personnes qui jouissent de certaines facilités paient la taxe.

A. G : Il faut bien voir qui peut payer cette taxe ou qui ne peut pas. Il ne faut que ce soit une mesure punitive ou visant à diviser. Un gouvernement doit avoir des revenus. Ceux qui ont certaines richesses où les moyens, l’Etat les taxe. De nombreuses personnes ont fait des spéculations avec les terres de l’Etat.

Que proposez- vous pour arrêter cela ?
A. K : Nous avons déjà introduit une clause 18 dans la loi en 2009 qui empêche le transfert de bail. Si une personne n’arrive pas à utiliser le terrain comme il avait dit qu’il le ferait, nous reprenons ledit terrain. Je voudrais faire taire certaines rumeurs qui disent que cette clause n’empêche pas le transfert des baux. Au contraire, on peut décréter une transaction nulle grâce à cette clause.
D’ailleurs, une personne a déjà été sanctionnée.

A . G : Il y a eu un vrai pillage des terres de l’Etat pendant cinq ans. Les terres sont devenues un objet de spéculation. Il y a eu certaines personnes qui ont eu un terrain à bail qu’ils ont vendu sans avoir à se plier à un quelconque contrôle. S’il y avait des appels d’offres pour les projets industriels et commerciaux, cela ne se serait pas passé ainsi. Il faut empêcher cela.

Vous proposez la construction de logements sociaux. Où trouverez- vous l’argent et les terres nécessaires ?
A. K : C’est dans la politique du gouvernement depuis 2005.
Nous avons construit des maisons pour le démunis et dans notre programme, nous prévoyons d’en construire d’autres dans les cinq années à venir.
Nous pensons en bâtir un millier pendant les 12 prochains mois.
Nous avons eu des terrains grâce à l’accord avec la Mauritius Sugar Producers Association. Nous avons eu un budget pour cela. Pour le reste, nous trouverons l’argent au fur et à mesure. Nous avons aussi identifié 11 sites pour les travaux.De plus, il y a des locataires de maisons de la CHA qui deviendront propriétaires dans quelques mois.

A. G : Nous proposons la construction de 20 000 logements.
Je pense qu’il y a assez de terrains pour cela. Il faut la volonté politique pour le faire et nous l’avons. Il faut aussi voir comment les nouvelles technologies peuvent réduire le coût de la construction. Concernant le financement, il y a plusieurs moyens. Par exemple, le ministre des Finances avait créé un fonds avec des milliards de roupies qui n’ont pas été utilisées.

Etes- vous d’accord que les îlots faisant partie du patrimoine national soient loués à bail ?
A . K : Nous récupérons des îlots dont les baux arrivent à terme. Il y a des personnes qui paient le bail à
Rs 1.50 par an. Il faut qu’il y ait une distribution équitable. Il y a des îlots en état d’abandon qu’il faut développer pour des projets touristiques, par exemple.

A. G :
Quand nous étions au pouvoir, il y avait une étude sur la gestion et l’utilisation des îlots.
Je pense qu’il faut les utiliser pour l’écologie et le concept Maurice Ile Durable. S’il faut les développer, cela ne doit pas être fait pour un groupe de personnes ou des projets hôteliers et commerciaux, mais pour tout le public. Il faut aménager des espaces pour mettre ces îlots en valeur.

Il y a eu, dans un reportage à la télé récemment, une image négative de la gestion des plages et des îlots. Vos réactions.

A. K : Je n’ai pas vu l’émission, mais je tiens à rappeler que l’accés à l’île Plate et à l’îlot Gabriel est gratuit pour les Mauriciens.

A. G : L’opposition a tiré la sonnette d’alarme sur ce probléme, mais on ne nous a pas écoutés.
Voilà les conséquences. Cela fait rougir, mais ce n’est pas surprenant. Nou inn rode, nou inn gagne.

« Nous allons abolir la National Residential Property Tax. »

« Nous proposons la construction de 20 000 logements. »

Propos recueillis par Patrick ST PIERRE
L’Express du Jeudi 29 Avril 2010