Ile Maurice paralysée à chaque grosse averse : pourquoi en est-il ainsi ?

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Mercredi 13 février 2013, alors que bon nombre d’entre nous se prépare à célébrer la Saint Valentin, l’Ile Maurice est touchée par des conditions climatiques extrêmes : des pluies torrentielles s’abattent sur l’île avec une telle intensité que dès le matin vers 6 h 15, la station météorologique de Vacaos émet un avertissement de pluies torrentielles suivi du décret de la fermeture obligatoire de toutes les institutions scolaires par le Ministère de l’Education.

Vers 10 h 00, cela a été au tour des fonctionnaires suivi par les employés du secteur privé suite aux inondations et débordements des principaux axes routiers dans différentes régions de l’île. La question qui reste posée est comment se fait-il qu’à chaque grosse averse, le pays soit paralysé par des inondations ?

Les zones inondables
Les zones inondables, ou terrains inondables, sont des lieux délimités ayant été recouvert par les eaux lors d’une inondation. Elles sont classées en deux catégories. La première concerne les inondations naturelles dues à un dépôt des résidus des eaux, d’une rivière ou d’un fleuve. La seconde concerne celles dues aux activités humaines, telles que celles liées à des obstacles causés par les transformations d’espaces naturels par l’homme.

Les systèmes des drains
Vu le problème épineux de l’inondation des drains en périodes de grosses pluies à l’Ile Maurice, le gouvernement commanda une étude effectuée par GIBB MAURITIUS et axée sur le système des drains qui fut rendu public en avril 2003. Le rapport est consacré à la topologie du pays, la situation de Maurice en termes de sols et forêts, de l’érosion, des zones sensibles à l’inondation et des coûts pour l’installation des drains.

Suite à cette étude, plusieurs causes d’inondation ont été identifiées pour expliquer les effets néfastes associés. Après les constats sur la texture du sol et l’utilisation des terres, toujours selon le rapport GIBB, les effets néfastes de l’inondation dépendent des capacités hydrauliques des canalisations et les cours d’eau. Les retombées de cette étude sont nombreuses mais force est de constater que le problème demeure toujours entier ; la preuve, ce fameux 13 février 2013. Selon rapport, l’urbanisation rapide et non planifiée de l’île avec des drains inadéquats n’ont fait qu’empirer la situation. Alors qu’en mars 1999, un total de 169 zones inondables avait été identifié, ce chiffre a presque doublé pour atteindre actuellement 326 !

Plusieurs facteurs liés aux activités humaines entrainent des inondations dans plusieurs de ces zones et en sont les principales causes dans des zones résidentielles. Parmi ces facteurs figurent des drains de mauvaise qualité tant dans la construction que dans le concept ou carrément l’absence totale de drains, la présence de tuyaux qui obstruent l’écoulement des eaux pluviales et les caniveaux, la construction de maisons en dessous du niveau de crue des rivières ou à proximité des berges de rivières, ruisseaux ou canaux. Un manquement majeur mis en avant par l’étude est vraisemblablement le fait que des drains ont été construits sans effectuer des études préalables sur les dimensions adéquates. Des habitations érigées dur des flancs ou au pied des montagnes et collines n’ont fait qu’amplifier les risques d’inondation.

Toujours selon le rapport, Maurice ne dispose pas de recommandations acceptables sur un plan national relatives à la gestion des drains pour l’évacuation des eaux usées, de même que des structures et facilités adéquates. Suite à l’étude il a été question à un moment de la création d’un Land Drainage Coordination Committee dont les fonctions principales seraient d’émettre les normes quant au contrôle des débordements des eaux, de contrôler le système actuel des drains et de répondre aux besoins des citoyens en cas de problèmes d’ordre écologique. Mais ce comité a été démantelé depuis et d’une certaine manière, cela a laissé place à une certaine anarchie quant à la construction et gestion des drains. Pour certains projets, des drains sous-dimensionnés qui ne sont utiles qu’en cas d’averses ont été construites alors que dès que des pluies torrentielles s’abattent sur le pays, ces drains ne sont d’aucune utilité.

Qui plus est, les collectivités locales sont aussi à blâmer. Elles sont accusées de faire preuve de laxisme dans l’allocation de permis de construction pour des développements fonciers sans tenir compte des normes à respecter s’agissant des systèmes d’évacuation d’eaux de pluie. Dans la majorité des cas, les mairies et conseils de district se contentent des drains en bordure de route qui sont, très souvent, de dimension inappropriée.

De 2008 à ce jour, le gouvernement a investi plus de Rs.2, 5 milliards dans la construction de drains à travers toute l’île mais force est de constater que certaines personnes jettent leurs déchets causant leur obstruction quand surviennent des pluies torrentielles. Selon le Ministre des Infrastructures Publiques, l’Honorable Anil Baichoo, le gouvernement continuera l’aménagement de nouveaux drains mais c’est la responsabilité sociale de tout un chacun que de veiller à ne pas jeter des déchets afin de ne pas provoquer leur obstruction ou en construisant n’importe comment sans tenir compte des systèmes de drain.

Malgré les recommandations, études ou comités mis en place, le constat est sans appel : le problème demeure récurrent et pas plus tard que ce lundi 18 février, la région nord de l’île est en proie à des inondations qui, une fois n’est pas coutume, ont paralysé certains villages qui se sont retrouvés sous les eaux !

Written By
Dany Gowsee