Logement - Des options pour éviter la crise... de nerfs

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Comme chaque année, le Salon de la maison et du jardin attire les foules et entraîne un questionnement par rapport à l’habitat : où acheter un terrain ? Comment réduire ses factures ? Que choisir : appartement ou maison individuelle ? Morcellement sécurisé ou non ? Éclairage. Les prix flambent partout... ou presque.

Trouver un terrain abordable relève du parcours du combattant. Et sillonner l’île en tous sens pour tomber éventuellement sur la perle rare n’allège pas les dépenses.
Bref, il y a de quoi déprimer. Ressaisissons- nous. Pour éviter de boire la tasse, il faut bien faire des concessions. Oubliez les zones côtières, fuyez les quartiers cossus des villes.

Elias et Banon, couple de trentenaires qui compte bien faire un tour au Salon de la maison et du jardin ( SMJ), sont un peu dépités : « On espère pouvoir construire, mais il faut qu’on trouve un terrain », commencent- ils. Le Salon, qui se tient au centre Swami Vivekananda de Pailles, leur permettra de voir comment « diminuer la facture globale » tout en se faisant « plaisir ».
_Revenons au terrain : « On rêve de vivre près de la mer au lieu de rester à Rose- Hill où on a grandi », explique Elias. Leurs revenus ? « Rs 68 000 à deux ». De quoi se lancer dans cette aventure sereinement. « Pas vraiment, même avec nos salaires très corrects, on ne peut pas se permettre d’acheter là où on voudrait ou alors il faudrait se contenter d’un tout petit terrain. » Dans leur ligne de mire : « Flic-en- Flac ou Albion ». Or, la fourchette des prix y démarre aujourd’hui à Rs 15 000 la toise. « Un peu trop cher » car outre le projet de construction, il y a « notre enfant, le loan sur la voiture, les factures courantes, l’aide financière à nos parents et les courses, sans compter que tout coûte plus cher », énumère le jeune homme visiblement dépassé. C’est qu’entre 1990 et 2010, le district de Rivière- Noire est devenu « the place to live » : le nombre de résidents y a bondi de + 76 %, la plus forte progression enregistrée, loin devant le district de Pamplemousses (+ 35 %).

Les professionnels de l’immobilier le reconnaissent unanimement : parce que c’est une ressource limitée et que la demande ne cesse de croître, les prix du foncier prennent l’ascenseur. Le désir de littoral des Mauriciens, surtout des jeunes, se heurte aux prix qui « ont triplé en quelques années », expliquait Vivek Ramnarain, Senior Sales Executive chez Davyland dans l’express du 2 octobre dernier. Du coup, les jeunes s’installent là où ils peuvent.

Les périphéries des villes encore assez bon marché, bien que la toise s’y négocie souvent à plus de Rs 10 000, et surtout les campagnes proches des pôles d’activité s’imposent. On y trouve des terrains à moins de Rs 10 000 la toise. C’est un compromis qui commence à avoir la cote. Sauf que l’engouement va vite se ressentir sur les prix : les projets fonciers et immobiliers « au vert » se multiplient. Le moins cher : le grand Sud, excentré et où des morcellements commencent à s’implanter...

Appartements : le collectif s’affirme
Les villes, exception faite de Port-Louis qui a perdu 4 % de sa population entre 1990 et 2010, continuent d’attirer. La raison en est simple : elles concentrent les pôles d’activité. Mais « trouver un terrain à Beau-Bassin, par exemple, est très compliqué » , sans compter un prix à la toise qui dépasse les Rs 30 000, confiait début octobre à l’express Vivek Ramnarain, Senior Sales Executive de Davyland. En ville, ce sont les appartements qui tendent à modifier le paysage et qui devraient attirer de plus en plus les ménages et jeunes professionnels. Il n’y a qu’à voir les projets immobiliers qui se développent à Quatre-Bornes ou dans les Villes Soeurs.

Qui plus est, l’achat d’un appartement, même cossu, reste généralement plus abordable que celui d’un terrain suivi d’une construction. Les promoteurs l’ont bien compris, si bien qu’ils proposent des prix variant entre Rs 3,5 et Rs 5 millions pour un appartement de 100 m² avec deux à trois chambres. L’habitat collectif deviendra à court terme la seule solution pour ceux qui optent pour un style de vie citadin. C’est que la politique d’aménagement du territoire, compte tenu de la rareté des terres et de la demande constante pour des espaces de bureau ou des appartements, privilégie la densification de la conurbation allant de Port-Louis à Curepipe.

Clairement, il ne reste plus qu’à construire en hauteur pour loger. Pas facile d’opérer le changement dans la tête du Mauricien. « La propriété, dans la conscience collective, passe par l’appropriation de la terre », note le géographe Adish Maudho, à tel point que la demande pour des terrains ne faiblit pas. Pour autant, les autorités cherchent « à contenir l’expansion urbaine », d’autant que « la planification n’est pas toujours au rendez-vous quand des terrains privés sont morcelés », relève le géographe. Pour contenir cette extension de l’urbain sur les régions au sommet entre sir Anerood Jugnauth et Paul Bérenger il y a quelques semaines. Leurs inquiétudes, feintes ou réelles, seraient-elles fantasmées ? À en croire la tendance aux morcellements agricoles alentour, c’est l’habitat collectif qui se pose comme solution, mais aussi « la construction d’un ou deux étages par les enfants sur le toit familial ». À moins cher, l’habitat collectif et par extension la construction d’étages sur la maison paternelle sont les tendances qui s’affirment.

La mode du sécurisé
Le Law and Order donne des sueurs froides aux leaders politiques. C’était d’ailleurs l’un des motifs de la rencontre sécurisés, il y a bien une peur lancinante qui s’invite dans les foyers mauriciens. Les « gated communities » poussent comme des champignons à Rivière-Noire, Grand-Baie, Piton, Souillac, Moka, Roches-Noires... partout ! La sécurité reste l’une des priorités des Mauriciens qui s’installent. Les morcellements sécurisés offrent donc un cadre de vie résidentiel agréable « où les enfants, par exemple, peuvent jouer tranquillement dans la rue », relève Jonathan, cadre dans le secteur bancaire, qui s’est installé dans ce type de lotissement avec femme et enfants depuis deux ans. « L’air de rien, on est apaisé, le voisinage est bon, on n’est pas embêté par le bruit du trafic, et surtout on ne craint pas les voleurs », ajoute-t-il, manifestement content de son choix. La sécurité des personnes et des biens n’est pas le seul argument à faire mouche : il y a aussi le cachet que confère une architecture harmonieuse répondant à un cahier des charges strict, l’étendue des parcelles, et le service de ramassage des déchets.

Petit bémol : la faible intégration de ces morcellements à leur environnement immédiat. On n’est pas loin des Integrated Resort Schemes décriés pour leur enclavement où il faut montrer patte blanche pour entrer. « C’est normal, coupe Jonathan. On aspire à une qualité de vie qu’on trouve de plus en plus difficilement que ce soit en ville ou à la campagne. » Quoi qu’il en soit, la demande semble se maintenir, surtout au niveau des classes moyennes supérieures et aisées. C’est que même si les terrains ne sont pas trop chers (des morcellements dans le Sud sont relativement peu coûteux, comparativement aux prix du marché dans le Nord ou l’Ouest), les coûts de syndic, les frais de matériaux et d’architecte pour répondre au cahier des charges peuvent faire tiquer. Elias et Banon, trentenaires de Rose-Hill, n’ont, par exemple, pas retenu cette option, n’étant pas sûrs « de vouloir vivre longtemps dans ce type d’environnement et surtout de pouvoir faire face aux dépenses d’une construction dans ce genre de morcellement ». N’empêche, pour dormir tranquilles, ils sont de plus en plus nombreux à opter pour les morcellements sécurisés.

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